Un roman en un mois armé d’un sac à dos. Ca peut marcher. Me voilà tout juste parti de Rouen, arrivé à Brest. Rouen, où j’ai été hébergé chez un NaNoteur : autant dire que les échanges furent riches.
J’ai écrit chez Mathias
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Rouen by night, CC-BY-SA Kaelkael
La première chose qu’on remarque, chez Mathias, c’est son rire. Un rire franc, communicatif, un rire toujours content de se faire surprendre par la vie. J’ai connu Mathias chez Voisine (celle que je remercie à la fin de #MonOrchide). Il y couchsurfait pour pouvoir assister à un concert de Mars Volta. J’y connais rien en musique, mais je leur ai fait des pancakes avec de la pâte d’ovomaltine. Et ça, ça facilite les échanges.
Depuis, on se côtoie sur Facebook. On partage beaucoup de liens de féministes, LGBT, et autres infos qui font bondir les pensées bleu marine. Le 28 octobre, quand j’annonce que je me lance dans un NaNoWriMo, Mathias dit « cool ! on s’inscrit où ? » Et, sur un coup de tête, sans avoir la moindre foutue idée de où il va, ce mec se lance dans l’écriture d’un roman. Faut avoir une sacrée paire d’ovaires, quoi…
Quand je n’écris pas, je parle.
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clique sur l’image pour aller télécharger les textes de Tocante et AndroGame, mes pièces de théâtre.
C’est un peu mon sport favori, et en côtoyant l’univers de Mathias, j’ai pu le pratiquer intensément.
J’ai échangé avec Ben, dans une brasserie estudiantine, sur les radios associatives, les expériences prostatiques et les mises en scène.
J’ai discuté avec JB (co-animateur de l’émission de musique de Mathias sur la radio Campus rouennaise) sur la culture libre, le rôle prescripteur des bibliothécaires, les envies de mort et de bromure (sur lesquelles j’ai écrit deux pièces de théâtre librement diffusées sur pouhiou.com).
Avec Anka, on a parlé de Roumanie, d’éducation, d’exigence et de chatons.
On a rencontré Lutine, autre NaNoteuse rouennaise, qui se jugeait trop et n’arrivait plus à écrire. On lui a lancé le défi d’écrire une bonne grosse page de merde… Elle a échoué : ce qu’elle a écrit était bon. Et avec Mathias, on a partagé nos expériences de NaNoteurs…
C’est quoi être auteur ?
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Atlantes et cariatides sur des colombages Rouennais. CC-BY-SA Urban.
On avait tous deux déjà trois jours dans les pattes. Et Mathias commence à m’expliquer qu’il ressent déjà ses personnages lui échapper.
Un en particulier, qui ne devait être que secondaire, une sorte de faire-valoir à son héroine, mais qui prend de l’importance en lui et s’accapare le chapitre suivant.
Moi, les voix de mes persos m’habitent. J’imagine des dialogues sous la douche puis je réalise où je suis et me demande si je n’ai pas vidé le ballon d’eau chaude.
Plus tard, Mathias m’explique que le libre, c’est pas pour lui. Qu’il avait trop peur que l’on touche à son œuvre. Ça me semblait pas cohérent avec le côté avenant du gars, donc je le questionne…
– Mais tu as vraiment l’impression que c’est toi qui écris, que ça se fait dans l’effort ?
– Non… Je mets mon casque, de la bonne zique et je laisse le truc couler. Un peu comme toi, Pouhiou, j’ai l’impression que l’histoire est par là et que j’en suis le scribe.
– Du coup, est-ce que ce que tu écris parle de toi ? Est-ce que ton histoire définit quel auteur, quelle personne, quel Mathias tu es ?
– Ah ben non, en fait… C’est juste une histoire que j’ai écrite, pas un morceau de moi…
Et là on touche le nœud du truc. Je comprends tous les auteurs qui sont d’un protectionnisme féroce avec leurs œuvres. Qui ont peur, qui ont des peurs, tant et si bien qu’ils arrivent à accepter la position de victime et celle de dragon-sur-son-tas-d’or. Des postures que le système, crée par et pour les industries de la culture, nous font prendre de manière insidieuse. Des poses que j’ai prises tant que j’ai eu peur, que j’ai eu des peurs. Des peurs qu’en touchant à mes histoires, mes contes, mes écrits… on touche à ma personne. Alors qu’aujourd’hui, ça n’a plus rien à voir…
Le piège du WordCount
Après relecture, le 1er chapitre s'est étoffé de 400 mots => 7746. Cet aprèm, chap 2 (sur 8) #NaNofr, mon @NaNoWriMo avec @framasoft
— Pouhiou (@Pouhiou) November 5, 2013
C’est bien beau de parler, rencontrer, échanger… D’aller voir Rouen qui est une ville magnifique, emplie de colombages et de toits en tuiles… Mais c’est pas ça qui va écrire le livre III. Alors j’écris. 2300 mots le lundi pour finir le premier chapitre qui développe une ambiance paisible très étrange. 1500 mots le jour suivant, ce qui me fait culpabiliser, un peu : je suis en dessous des 1667 quotidiens indispensables. 2200 mots le mercredi : ouf, on remonte et passe au dessus de la barre des 10 000, du cinquième.
Hier, 2200 mots qui mènent a 11073. Ce matin, un petit millier, mais là départ pour Brest…. #NaNofr, mon @NaNoWriMo en sac a dos.
— Pouhiou (@Pouhiou) November 7, 2013
Hier, je finis a 1h30 sur 12945 mots… si j'avoine aujourd'hui, je peux clore le chapitre 2 (sur 8). Bonjour, Brest ! #NaNofr.
— Pouhiou (@Pouhiou) November 8, 2013
Et que les maths sont impitoyables.
On calcule : 8 chapitres d’environ 8000 mots. Je n’écrirai pas lors du Capitole du Libre (22-23 novembre sur Toulouse) ni lors des journées méditerranéennes du logiciel libre (29-30 novembre). Du coup, 64 000 mots en 26 jours, il faut écrire 2500 mots par jour (à une vache près, les maths c’est pas une science exacte). J’en suis méga loin. #MicroDéprime. C’est là que tu réalises que compter les mots, ce doit juste être un plaisir. Pas une tâche. J’écrirai ce que je peux. Si mon roman s’achève en décembre : ce n’est pas grave. Je ferai comme tous les auteurs, comme tous les NaNoteurs : de mon mieux.
Pouhiou regonflé. Des bisous, des mercis, une caresse à Kali (leur chatounette) et hop !
Co-voiturage direction Brest ! On se retrouve dans 3 jours ?
Pouhiou.
PS : Notez que vous pouvez suivre l’aventure depuis http://noenaute.fr (même que vous pouvez y télécharger les romans et/ou participer aux frais de transport grace aux boutons flattr et paypal dans les articles), http://framablog.org et même depuis http://actualitte.com !
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